Appel à l’unité des sénégalais de la Diaspora

« Prolétaires de tous les pays unissez-vous. »! disait Karl Marx dans le manifeste du parti communiste ; Nous autres sénégalais de l’extérieur nous inspirons de cet appel de Marx à l’endroit de la classe ouvrière lors d’un meeting tenu à Londres, pour, à notre tour, lancer un appel à nos frères des différentes diasporas. En effet l’urgence pour les sénégalais de l’extérieur de s’unir n’est plus à démontrer, car l’expérience a montré que toutes les initiatives solitaires ont été vouées à l’échec.

Et, en réalité, en face, nous avons toujours eu des autorités qui placent la diaspora sénégalaise au tout dernier plan. Le mieux-être des émigrés n’a réellement jamais été une priorité pour les régimes qui se sont succédés , même si quelques timides efforts ont été notés çà et là. La diaspora occupe certes une place importante dans leurs différents thèmes de campagnes au cours desquelles, les slogans à nous favorables fusent de partout. Le manque de volonté politique et la dispersion des forces réelles de la diaspora ont fait que l’émigré est considéré de manière tacite comme un sénégalais entièrement à part et non un sénégalais à part entière. C’est certes regrettable mais c’est la réalité, le sénégalais de l’extérieur, malgré tous les efforts qu’il consent pour son pays caracole tristement à la queue du peloton dans le classement des priorités des différents régimes.

Ceci prouve à suffisance qu’il est temps pour nous de faire abstraction de nos divergences politiques sociales etc. et que notre unique voie de salut reste l’union autour de l’essentiel. Ce qui s’impose c’est une plateforme élargie à toutes les sensibilités de toutes les diasporas.

 

Chacun, cependant, se réservant le droit de militer dans la sensibilité politique de son choix, mais tout en gardant en tête la ferme intention de placer l’intérêt commun au-dessus tout, plaçant ainsi la diaspora avant le parti. Mieux, la diaspora regorge de fils suffisamment outillés pour porter le combat. Car, qui mieux que nous comprend nos préoccupations ? Allons-nous continuer à laisser aux autres le soin de raconter notre histoire à notre place ? Au moment où j’écris ces lignes, nous sénégalais d’Italie en sommes à notre nième cas de meurtre non élucidé et ce qui émeut plus d’un est qu’à part des condamnations timides et spontanées rien n’a été fait. Et cet état de fait devrait nous pousser nous sénégalais de l’extérieur à nous unir et prendre notre destinée en main. Car selon moi la solidarité doit être verticale et en amont. Solidarité verticale car ceux qui ont un peu plus de moyens doivent se solidariser avec ceux qui fauchés par la conjoncture économique. La solidarité doit être aussi en amont car il ne sert à rien d’organiser des marches de protestation après la mort d’un compatriote. Il serait grand temps pour nous de copier sur les autres communautés qui ont travaillé à mettre en place une sorte de bouclier qui assure le minimum de sécurité et de protection à leurs membres. Le sénégalais de l’extérieur est une sorte d’électron libre qui vadrouille à la merci du vent. Ainsi lui faire du mal ou même le tuer devient facile et impuni. Notre conviction est que c’est seulement quand nous serons unis que nous pourrons restaurer à cette noble diaspora son honneur et sa crédibilité. Car combien de nos compatriotes ont été abattus sans qu’aucune autorité ne lève le plus petit doigt ? Mais au lieu de tout mettre sur le dos des gouvernants, nous aussi devons jouer notre partition. C’est le lieu d’ailleurs de s’interroger sur l’utilité des dahiras et associations de ressortissants. Car pour moi leur rôle originel est d’assister les sénégalais sans exclusive et sur tous les plans. Et c’est la mort dans l’âme que je remarque que les dahiras et associations ne sont que des amasseurs de fonds et échouent foncièrement sur leur manière de gérer. Tels des orphelins laissés à eux-mêmes, nous devons comprendre que personne ne viendra restaurer notre dignité à notre place « none but ourselves can free our minds », disait Bob Marley ; et cette assertion nous est plus que jamais applicable. Loin de nous toute intention de discréditer ni de disqualifier la classe politique mais nous prônons une implication de toutes les forces vives de la diaspora dans la gestion de leurs propres affaires.

SAKHO MALICK