Belgique : Il insulte et menace le premier ministre Charles Michel sur Facebook, il est convoqué par la police

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Facebook libère la parole et cela peut s’avérer particulièrement risqué. C’est ce qui est arrivé à Patrice (prénom d’emprunt), habitant la région de Liège. Le mois dernier, le jeune homme âgé de 20 ans est invité à se rendre à la police locale. Particulièrement calme dans la vie de tous les jours, Patrice, qui a coupé court à la consommation de produits psychotropes depuis deux ans, pense qu’il s’agit d’une convocation on ne peut plus banale. Mais une fois assis face à des enquêteurs bruxellois cette fois, il comprend que la rencontre sera moins tranquille.

« Honte à toi, tu vas nous le payer… »

« Là, un policier m’a expliqué que je suis convoqué parce que… j’ai menacé le Premier ministre Charles Michel. Je n’en revenais pas« , raconte Patrice à RTBF.be. Nous présentant son audition, il ajoute : « J’ai commencé à me demander à quel moment j’avais bien pu menacer le Premier ministre. » Mais la police a conservé une trace. « Le 24 juillet dernier, en commentaire d’un article sur la hausse de la TVA pour l’électricité passant de 6 à 21 %, j’ai écrit au sujet de Charles Michel : ‘Honte à toi, tu vas nous le payer trou du cul !’« . Une menace comme on peut en lire des centaines sur les réseaux sociaux, visant aussi bien des anonymes que des personnalités connues. Sauf qu’ici, elle vise le premier personnage politique de l’État belge et elle a été postée sur la page Facebook de ce dernier. Certes, en juillet 2015, la menace terroriste n’était pas aussi marquée qu’aujourd’hui. Mais au plus haut sommet des institutions, on ne souhaite pas jouer avec la sécurité.

Une réaction à chaud

Dans sa déposition, Patrice reconnaît rapidement être l’auteur du commentaire. « Vous me demandez dans quelles circonstances j’ai publié ce message« , peut on lire dans le document. « Je vous dis que Monsieur Michel enterre le pays ! Je ne trouve pas normal ce qu’il fait. Je n’ai plus de travail (…). C’est normal que je réagisse comme ça. J’ai eu une réaction à chaud, mais c’est certain que je n’ai pas l’intention de lui faire du mal. »

En tout cas, au terme de l’audition, Patrice a été pris en photo « et on a pris mes empreintes, comme si j’étais un tueur« , raconte-t-il. « Je n’ai quand même pas une tête de terroriste. »

Patrice dit aussi de ne pas être le seul à avoir été convoqué. « Un ami a également été auditionné par la police« , consécutivement à une menace du même type. La suite ? Les auditions seront analysés par le parquet, qui décidera de poursuivre ou pas. « Je ne peux pas imaginer que la police perde du temps à ce genre de futilités« , peste Patrice. « J’ai déjà insulté d’autres politiques sur Facebook. Et pourtant, je n’ai jamais été inquiété. » Désormais, comme il l’a déclaré à la police, Patrice sera plus prudent dans ses commentaires sur Internet.

Suivi systématique

Car au cabinet du Premier ministre et auprès de services de sécurité, on ne rigole pas avec les menaces sur les réseaux sociaux. Le cabinet ne souhaite pas confirmer la plainte visant le Liégeois ni commenter la procédure. Mais le porte-parole de Charles Michel explique que « la police lance un suivi systématique en cas de menace proférée contre le Premier ministre« . On le sait : celui-ci a déjà fait l’objet de menaces de mort. « Les services de sécurité veillent. »