Burkina Faso: un double scrutin pour mettre fin à la transition

La mission de la transition burkinabè était de rendre au pays des institutions légitimes. Photo : un graffiti à Ouagadougou. © AFP PHOTO / SIA KAMBOU
Ce dimanche, 5,5 millions d’électeurs Burkinabè sont appelés aux urnes pour élire leurs députés et leur président. Quatorze candidats sont en lice pour la magistrature suprême dans un scrutin qui apparait plus ouvert que jamais. Ces élections, auxquelles ne prennent pas part les dirigeants de la transition, vont marquer la fin de cette période ouverte au lendemain de l’insurrection d’octobre 2014 qui a chassé du pouvoir Blaise Compaoré.

Les bureaux de vote, au Burkina Faso, ont ouvert à 6 heures locales (et TU) et l’un de nos envoyés spéciaux notait par exemple, lors de la première heure, une faible affluence à l’école de Sikasso-Cira, à Bobo Dioulasso, la deuxième ville du pays. Sur les quatre bureaux que comptent l’établissement, seule une vingtaine d’électeurs s’était présentée par bureau, toute génération confondue, mais beaucoup de jeunes étaient venus exercer leur droit de citoyen. Des jeunes d’une vingtaine d’années pour qui c’est le tout premier vote et qui expliquent volontiers qu’ils sont fiers et heureux de participer à ce scrutin. Ce sera une « présidentielle pluraliste, libre et transparente », assurent-ils.

Pluralistes, ces élections le sont assurément avec quatorze candidats à la présidentielle, près de 7 058 à la députation en comptant les suppléants pour 127 sièges à pourvoir, 81 partis politiques et 18 regroupements d’indépendants en lice. Il faut aussi compter près de 17 898 bureaux de vote répartis dans les 368 communes du pays. Les chiffres de ces élections traduisent ainsi l’engouement d’un peuple qui, pour la première fois, n’a pas le sentiment que les jeux sont joués d’avance.

Parmi les candidats à la magistrature suprême figurent deux femmes et quatre indépendants. Tous les analystes s’accordent pour dire que c’est l’un des scrutins les plus ouverts au Burkina Faso. Si aucun des candidats n’obtient la majorité absolue, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) sera obligée d’organiser un second tour. Le scrutin législatif, lui, n’en compte qu’un seul.

Ouagadougou et Bobo Dioulasso décisives

A Bobo Dioulasso, il faudra par exemple désigner six députés pour la région du Houet, une région primordiale pour les candidats – 330 000 inscrits pour Bobo, près de 450 000 pour le Houet -, tant il est vrai qu’avec Ouaga, elle est un réservoir de voix pour les différents partis en lice.

Une campagne sans acrroc

La révision des listes électorales a permis d’inscrire près de 1,8 million d’électeurs nouveaux par rapport à 2010. Sous Blaise Compaoré les jeunes ne votaient plus, cette fois-ci ils se sont inscrits.

La campagne électorale a été de haute tenue, sans coup bas, ni violence, et aucun candidat n’a contesté le travail de la Céni, la commission électorale, depuis que s’est dégonflée l’affaire des 5 000 cartes d’électeurs disparues.

Les autorités de transition ne veulent pas échouer dans leur mission première : rendre au pays des institutions légitimes après la révolution d’octobre 2014. Elles ont reçu le soutien de leurs partenaires qui financent un tiers du coût des élections.

Plus de 17 000 observateurs

La société civile, y compris les mouvements ayant amené la révolution comme le Balai citoyen, jouera le rôle d’observateurs avec un réseau de 5 000 personnes. En tout, ce sont plus de 17 000 observateurs qui ont été accrédités. « Du jamais-vu dans l’histoire du Burkina », selon le président de la commission électorale.

Pour ces élections, la Céni s’est lancé un défi majeur, celui de proclamer les résultats dès ce lundi. Selon Maître Barthelemy Kéré, c’est la meilleure option pour « éviter les contestations et les procès d’intention » liés à la gestion des résultats par la Céni.