COP25 : Le contexte alarmant

La température moyenne à la surface de la planète s’est déjà élevée de 1 degré depuis 1880 (l’ère préindustrielle). Sous l’effet du changement climatique, le niveau des océans a augmenté d’environ 20 cm au XXe siècle. Dans les années 1980, l’Antarctique (pôle Sud) perdait, en moyenne, 40 milliards de tonnes de masse glaciaire chaque année. Un chiffre qui atteint maintenant, depuis les années 2010, 250 milliards.

Le contexte : alarmant

Selon un groupe d’experts de l’ONU sur la biodiversité (IPBES), environ un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction « au cours des prochaines décennies ». Et selon les prévisions « les plus optimistes » du Haut-commissariat des nations unies pour les réfugiés« près de 250 millions de personnes seront déplacées au milieu de ce siècle à cause de conditions météorologiques extrêmes, de la baisse des réserves d’eau et d’une dégradation des terres agricoles ».

La part de responsabilité des États : inégale

L’activité humaine – et notamment le rejet de gaz à effet de serre dans l’atmosphère – est l’une des principales causes du réchauffement planétaire. Selon la banque de données européenne Edgar, l’Asie émettait près de la moitié des émissions mondiales de CO2 en 2016. En y ajoutant l’Europe (Russie comprise) et l’Amérique du Nord, la part atteignait plus de 80 % des émissions planétaires…

Parmi les grands pays pollueurs, c’est toutefois l’Arabie saoudite qui émet le plus de gaz à effet de serre comparativement à son nombre d’habitants : en moyenne, chaque Saoudien a rejeté 20 tonnes de CO2 en 2016. On retrouve ensuite le Canada, l’Australie et les Etats-Unis, avec 16 ou 17 tonnes par tête. Les pays de l’Union européenne, eux, émettent légèrement moins de CO2 par habitant que l’Afrique du Sud… mais trois fois plus que les Indiens ou les Brésiliens.

En 2016, la Somalie, régulièrement touchée par les sécheresses et la famine, n’émettait que 0,06 tonne de CO2 par habitant. Quant aux habitants des îles Kiribati, qui achetaient déjà des terres de repli aux Fidji face à la montée des eaux, ils ne contribuaient à la pollution mondiale qu’à hauteur de 0,26 tonne par tête.

Les engagements actuels : insuffisants

Au niveau mondial

Pour inverser la vapeur, plusieurs plans sont actuellement sur la table. Notamment celui issu de la COP21, qui a eu lieu à Paris en 2015. L’Accord de Paris, ratifié par 183 pays, est ainsi censé limiter à « nettement moins » de 2 degrés, voire seulement 1,5 degré le réchauffement en 2100.

Depuis 2015, en application de cet accord, plus de 160 pays se sont fixé des objectifs concrets pour réduire leurs émissions de gaz à effets de serre. En admettant que ceux-ci soient respectés, ils conduiraient tout de même à un réchauffement de 3,2 degrés en 2100 par rapport à 1880, selon le Programme des nations unies pour l’environnement. Par ailleurs, en 2017, les Etats-Unis de Donald Trump ont décidé de sortir de l’Accord de Paris.

Au rythme actuel, selon les meilleurs et les pires scénarios envisagés par les experts français, la température devrait donc encore s’élever de 2 à 7 degrés à la surface de la planète d’ici à 2100.

Au niveau européen

Côté européen, les Vingt-Huit se sont fixé l’objectif contraignant de réduire d’au moins 40% leurs émissions globales de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990 (en 2017, elles avaient reculé de 22 %). Avec une répartition variable de l’effort dans chaque Etat membre.

Les pays de l’UE discutent désormais d’une stratégie ambitieuse qui consisterait à atteindre la neutralité carbone en 2050. Ce qui signifierait qu’ils n’émettraient pas plus de CO2 que leur territoire ne serait capable d’en absorber. Vingt-quatre pays européens sont d’accord, mais la Pologne, la Hongrie, l’Estonie et la République tchèque manquent à l’appel. Et une fois encore, les Etats qui s’engagent devront redoubler d’efforts pour concrétiser les ambitions affichées.

En France et en Allemagne

La France ne cesse de revoir ses objectifs à la hausse. Sa loi relative à la transition énergétique de 2017 prévoit une réduction de 75% des émissions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à 1990. Mais si elle souhaite atteindre la neutralité carbone à cette date, la réduction des émissions devrait être de 87%, selon la stratégie nationale bas carbone. Le pays n’en était qu’à -16% en 2018… et l’équation est d’autant plus difficile que la France souhaite aussi réduire la part du nucléaire dans son mix énergétique (50% en 2035 contre plus de 70 % en 2017).

En Allemagne, malgré l’accélération – depuis 2011 – de la sortie du nucléaire, les émissions baissent actuellement. Mais elles restent très élevées, bien plus qu’en France, notamment en raison de la place du charbon dans la production d’énergie. Angela Merkel a donc renouvelé son intention de mettre fin au charbon d’ici à 2038. Mais il reste beaucoup à faire pour mettre cette ambition en pratique.

Les attentes de la COP25 : nombreuses

Relever les contributions nationales

Aujourd’hui, le groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (le Giec) estime qu’il faudrait réduire de 45 % les émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 2010, et que les émissions nettes devraient devenir « égales à zéro vers 2050 » pour rester sous 1,5°C de réchauffement. Des ONG, comme Greenpeace, ont calculé que l’Union européenne, elle, devrait « réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 65% d’ici à 2030 (par rapport au niveau de 1990) et atteindre zéro émissions nettes en 2040 ».

Au cours d’un sommet spécial sur le climat le 23 septembre 2019 à New York, soixante-six pays se sont dit prêts à s’engager vers la neutralité carbone en 2050. A peu près autant ont accepté de revoir à la hausse leurs plans nationaux d’ici à la COP26, fin 2020. L’un des enjeux principaux de la COP25 est, dès lors, d’amorcer le renforcement des contributions nationales des Etats parties à l’Accord de Paris.

L’UE, moteur de la COP25 ?

Selon Greenpeace, le Japon aurait « réaffirmé ne pas vouloir relever sa contribution déterminée au niveau national », tandis que la Russie – qui a ratifié l’Accord de Paris en septembre 2019 – « n’en a toujours pas publié ». Le président chilien Sebastián Piñera est absent de la conférence de Madrid, tout comme les dirigeants japonais, chinois, brésilien, canadien… ou encore Donald Trump, qui a confirmé avoir démarré le processus de retrait de l’Accord de Paris en septembre.

Dans ce contexte, l’Union européenne saura-t-elle être le moteur de la COP25 ? Avant d’atteindre la neutralité carbone en 2050, la Commission européenne propose (tout comme le Parlement européen) de porter à 55% la réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’UE en 2030 par rapport à 1990. Sa nouvelle présidente Ursula von der Leyen devrait dévoiler les grandes lignes de son Green deal européen le 11 décembre. Lundi, elle était présente à Madrid, aux côtés du président du Conseil européen Charles Michel et de plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement européen, dont le Premier ministre français Edouard Philippe. Angela Merkel devrait aussi faire le déplacement la semaine prochaine. Mais Emmanuel Macron ne prévoit pas de s’y rendre à ce stade, occupé par la grève nationale en France.

Augmenter l’aide aux pays les plus vulnérables

Un autre point de négociation majeur sera l’aide apportée aux pays les plus vulnérables, pour améliorer leur résilience aux effets du changement climatique. Dès 2009, les pays les plus riches ont promis d’abonder un Fonds vert pour le climat à hauteur de 100 milliards de dollars par an jusqu’à 2020.

Mais les versements n’ont atteint que 71 milliards en 2017, selon l’OCDE. Et des ONG estimaient déjà, il y a un an lors de la COP24, qu’un financement d’environ 300 milliards de dollars par an serait nécessaire d’ici à 2030 pour couvrir les « pertes et dommages » subis par les pays touchés par le dérèglement du climat.

Réguler les marchés du carbone

Enfin, des négociations devraient porter sur les systèmes d’échange de droits à polluer entre les Etats.

Il existe en effet plusieurs « marchés carbone » régionaux dans le monde, comme le système européen d’échange de quotas d’émissions (SEQE).

Sur ces marchés, les pays ou les entreprises qui émettent moins que certains plafonds peuvent vendre leur « reliquat » de droits à polluer à ceux qui les outrepassent. Un système questionné par plusieurs associations, qui estiment que ces possibilités d’échange ne sont pas de nature à inciter les acteurs les plus riches à réduire leurs émissions.

Par ailleurs, l’Accord de Paris prévoit d’interconnecter les marchés carbone existants. Par ce biais, un pays industrialisé pourrait, par exemple, réaliser un investissement « vert » dans un pays en voie de développement, afin de gagner des « crédits carbone » qui réduiraient d’autant son bilan d’émissions. Mais certains Etats bénéficiaires pourraient être tentés d’inscrire ces crédits carbone à leur propre bilan. Pour éviter un double comptage, des ONG ou encore l’Union européenne attendent une règlementation plus ferme et une comptabilité plus stricte des marchés du carbone.

Au cours de la COP25, labellisée « COP bleue« , l’accent devrait également être mis sur la protection des océans, qui fournissent de l’oxygène et absorbent une quantité non négligeable de CO2 émis par l’homme.