France : Entre disparition d’étudiants étrangers et stress liés aux examens

C’est comme une épidémie dans les Universités Françaises, mais aussi un peu partout en Europe. Beaucoup d’étudiants sont confrontés au stress et aux risques de dépression. Un mal qui n’épargne pas les étudiants étrangers, notamment les sénégalais.

Beaucoup d’entre eux redoutent ce rythme infernal des classes de prépa, imposé aux étudiants africains et asiatiques qui n’ont pas le même système scolaire. En plus, la solitude pour les africains habitués à vivre dans des familles élargies ne facilite pas les choses. Le manque de sommeil, la précarité sont aussi autant de faits qui expliquent l’origine de leur malaise. Les jeunes femmes sont d’ailleurs plus à risque, révélait une étude d’une équipe de chercheurs de l’université de Saint-Boniface (USB), dans le Manitoba.
C.B.D, ancien étudiant à l’Université de Paris 2 Assas, raconte ce calvaire que vivent les étudiants non issus de famille nanties. En plus du stress de la période d’examen certains étudiants sont souvent dans l’incapacité de payer leur logement, malgré les petits jobs d’étudiants.
« Personnellement j’étais à cheval entre la survie et les études et j’ai logiquement craqué » témoigne t’il. « J’étais responsable au sein de ma famille restée au Sénégal, on m’appelait souvent donc du pays pour m’exposer quelques soucis que je ne parvenais pas à régler et cela me déchirait. Et dans notre cas en tant qu’africain on devait valider l’année pour pouvoir renouveler nos cartes de séjour parce qu’il te faut l’inscription de l’année en cours. Il te fallait être en règle pour pouvoir effectuer des aller-retour au Sénégal ». Et ce cocktail finit fatalement par exploser, explique notre interlocuteur. « Je me rappelle avoir été chez un ami. Je voulais prendre un bain pour me rafraîchir les idées. J’ai pris la serviette et je me suis déshabillé pour prendre la douche…et j’ai mis cinq minutes pour me rendre compte que j’étais plutôt dans la cuisine ». Selon la même source, des problèmes entre voisins subsistent souvent, ce qui est toujours à mettre sur le dos de ce stress.
Fatoumata Ngom, brillante élève sénégalaise qui avait aussi rejoint l’hexagone après son baccalauréat, revient sur la dimension « éprouvante » des classes de prépa. « Il y a un changement de référentiel d’abord familial parce que l’on quitte sa famille pour atterrir dans une ville où l’on ne connait personne. En prépa on a pas trop le temps de voir les gens. Il y a aussi un changement de référentiel culturel, parce qu’il faut s’adapter à une nouvelle culture, de nouveaux codes. Et ceci peut chambouler l’existence pour une personne jeune qui arrive dans un pays qui n’est pas le sien. Et finalement le plus important : il y a un changement de référentiel pour ce qui s’agit des notes. Surtout lorsque l’on est dans une prépa prestigieuse, à Paris ou en province. On peut passer de très grosses moyennes en Terminale à des notes très basses, sans ajouter l’enchainement des devoirs à faire à la maison, à table mais aussi les colles. Et tout ceci sont des successions de circonstances qui ne facilitent pas l’intégration surtout lorsque l’on est en deuxième année qui est plus difficile, car elle est courte. Il y a beaucoup de stress et de concurrence », assure Fatoumata.
Auteur d’un livre, « le Silence du Totem » paru en 2018 aux Editions Harmattan, dans lequel elle parle de cette époque difficile, et ou son « héroïne se droguait pour pouvoir réussir et surmonter la pression », Fatoumata Sissi Ngom est d’avis qu’il faut une sensibilisation pour une meilleure intégration des élèves sénégalais, qui quittent « le nid familial » pour braver le froid et la solitude en occident. « Il faut beaucoup de sensibilisation pour préparer les élèves à ce qui les attend. Qu’on ne mette pas la pression sur leurs épaules ou que ces élèves pensent forcément qu’ils ont l’avenir de l’Afrique ou du monde sur leurs épaules », conclura-t-elle.Diary Sow, du nom de l’étudiante sénégalaise qui a récemment disparu entre Paris et Toulouse, est-elle victime de ce trop-plein de pression exercée sur elle par l’opinion nationale voire internationale ? L’enquête de la police française ne parle plus de disparition inquiétante, mais d’absence inquiétante. Il y a une grande différence entre les deux en ce sens qu’absence voudrait dire qu’elle a décidé de son propre gré de s’évader, histoire d’évacuer tout le stress accumulé pendant toutes ces années. Des sources nous confient qu’elle pourrait bien être victime de « burn out » ou de surmenage, des états d’épuisement physique et intellectuel qui, malheureusement ne sont pas prêts de quitter les écoles et universités aussi bien à l’extérieur que sous nos tropiques…

dakaractu