La France est loin d’être la plus accueillante sur l’échelle européenne

Si l’Hexagone a été plus accueillant l’an dernier envers les ressortissants de pays en crise, les préfets ont sollicité comme jamais les autres Etats européens pour qu’ils étudient eux-mêmes les dossiers.

Plus de demandes d’asile, plus de procédures acceptées, mais aussi plus de transferts vers les autres pays européens demandés. Les chiffres publiés ce vendredi par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) montrent que la France n’a jamais protégé autant de ressortissants étrangers qu’en 2016 (voir encadré). Mais ces données cachent une autre réalité : dans le cadre du règlement européen «Dublin», les préfectures ont redoublé d’efforts pour qu’un maximum de demandes soient étudiées par d’autres Etats.

Selon des chiffres obtenus par l’association Cimade et dont nous révélons le détail, le nombre de procédures dite «Dublin» a plus que doublé entre 2015 et 2016, passant de 11 657 à 25 963. Conséquence d’une instruction du ministère de l’Intérieur du 19 juillet 2016 demandant aux préfets «une application systématique de cette procédure».

Le règlement «Dublin» prévoit qu’un Etat puisse saisir un autre pour que ce dernier prenne en charge une demande d’asile. Après examen selon divers critères (attaches familiales, pays d’entrée en Europe, précédentes demandes…), l’Etat saisi peut accepter ou refuser la requête dans un délai maximal de deux mois. Précisons qu’une personne peut faire l’objet de plusieurs saisines. A l’image du volume inédit de demandes par les préfectures, le nombre d’accords par les autres pays a fortement augmenté en un an pour atteindre 14 308, contre 7 817 en 2015.

 

 Derrière ces deux records, il y de fortes différences régionales. Ainsi, le Pas-de-Calais (où se trouvait la fameuse «Jungle») est de loin le département qui a le plus sollicité les voisins européens de la France avec 3 955 cas. Les préfectures de Paris, du Rhône, de l’Essonne, du Bas-Rhin et de la Seine-Saint-Denis ont chacune effectué plus de mille saisines l’an dernier. A l’inverse, 11 départements ont rempli moins d’une dizaine de requêtes quand 15 autres n’en ont déposé aucune.

 

 C’est l’Italie et l’Allemagne qui ont accepté le plus de demandes de transfert venant de France. La première est la porte d’entrée en Europe de nombreux migrants. La seconde est l’Etat de l’Union européenne qui a accueilli le plus de demandeurs d’asile en 2016.

 

 

Plus de demandes et plus de réponses favorables

La France a accepté en 2016 un nombre records de demandes d’asile, 36 533 selon l’Ofpra, qui précise vendredi que 38,1 % des requérants ont ainsi reçu protection. Ce taux est «désormais comparable aux principaux pays d’accueil dans l’UE», souligne le directeur général de l’office, Pascal Brice, en conclusion de son rapport annuel. Dans le même temps, l’Ofpra a reçu l’an dernier un nombre également inédit de demandes : 85 726, soit 7,1 % de plus qu’en 2015. En 2016, le premier pays d’origine des demandeurs est l’Albanie avec 7 432 demandes, bien que le pays soit considéré comme «d’origine sûre» selon l’Ofpra. Viennent ensuite le Soudan (6 163 demandes), l’Afghanistan (6 126) et la Syrie (6 085), en proie à la guerre.