L’Afrique dépouillée de ses ressources naturelles – l’Afrique dépouillée de sa jeunesse ( Par Assane NDIR )

La crise migratoire tant décriée par les occidentaux n’est pas le fruit du hasard.

A l’époque de la traite négrière, le monde occidental avait besoin de la main-d’œuvre africaine du fait
de leur essor économique. En effet, la révolution sucrière en Amérique a accentué l’ampleur de la traite
négrière avec notamment 45,4 % des esclaves affectés dans les plantations de canne à sucre et 18,2 %
dans les plantations de café. Les bateaux venaient d’Europe en traversant l’océan et acheminaient les
esclaves vers l’Amérique d’où sont vendus, ils étaient considérés comme de simples outils de travail.

Aujourd’hui, les jeunes prennent des pirogues de fortune en bravant les océans pour trouver un
eldorado en Europe et d’autres à travers le Nicaragua traversent les forêts amazoniennes pour atteindre
les Etats Unis d’Amérique. Tout semble convergé vers une organisation de la traversé des océans et du
débarquement des pirogues aux côtes européennes.

C’est un leurre de croire que l’Europe n’esp pas capable de mettre un terme à ces flux migratoires, ils
l’ont voulu et l’ont organisé.

En effet, leur population vieillissante et en décroissance ne leur permet plus de dominer le monde dans
le futur. L’esclave étant abolie, l’émigration « clandestine » (un clandestin qui ne cache pas sa
clandestinité) des jeunes africains leur permettra de disposer de la main d’œuvre de bonne qualité (en
termes de force de travail) et à moindre coût et de résorber leur gap démographique.

Leur stratégie consiste à restreindre la délivrance de visa par le blocage des rendez-vous et ensuite
encourager les ONG qu’ils ont créés et financés à intercepter les pirogues de migrants sous prétexte de
les sauver. La médiatisation du déparquement de plus de 13000 migrants arrivés à bord de centaines
de pirogues à l’Ile de Lampedusa en Italie au mois de septembre, leur prise en charge par les ces ONG
et les réactions timides des autorités européennes renforcent notre opinion sur cette affaire.
L’Afrique à tout et manque de tout. Quel paradoxe !

Pour donner espoir à la jeunesse, nos dirigeants ont l’obligation et la lourde responsabilité de repenser
leur conception de la gestion des deniers publics. La jeunesse ne demande rien d’autre que la prise en
charge de leur préoccupation, avoir un emploi décent et bien rémunéré. Il ne s’agit pas uniquement
d’emplois salariés mes d’activités qui leurs procurent un revenu perpétuel.

L’échec du programme « XEYU NDAW YI » est révélateur. Un programme qui, sur une période de trois
ans (2021-2023), absorbe plus de 450 milliards de francs CFA sans résoudre les problèmes et n’a aucun
impact positif sur la situation des jeunes ; ce programme est à repenser.

450 milliards ! Combien d’industries évoluant dans le secteur agricole et de la pêche, partant de la
production à la transformation, peut-on créer avec ce budget.

Apporter des solutions à la détresse de la jeunesse appelle à une refonte totale des politiques
publiques. Les jeunes qui prennent les pirogues sont majoritairement issus des secteurs de la pêche,
de l’agriculture et de l’artisanat.

Trois pistes sont à explorer pour apporter des solutions à cette crise :

– D’abord, l’arrêt immédiat de la délivrance des licences de pêche aux armateurs industriels et
un repos biologique. L’Etat doit élaborer une feuille de route pour une industrialisation du
secteur, d’abord, par l’acquisition de bateaux de pêche destinés aux pêcheurstraditionnels (les
pirogues de fortune n’étant plus adaptés ou détruises en mer à l’arrivé des migrants), ensuite
l’investissement dans l’industrie de transformation des produits de la pêche et le

développement de la filière exportation. A cet égard, les bateaux étrangers qui disposaient de
licence pourront venir à quai et acheter le produit aux pêcheurs sénégalais.

– Ensuite, dans le secteur agricole, il faudra repenser le programme des domaines agricoles
communautaires (DAC) par son rattachement au ministère de l’agriculture et ne pas en faire
un programme pour la promotion de l’emploi des jeunes uniquement mais, un programme
d’autosuffisance alimentaire, d’industrialisation du secteur et de la promotion des
exportations. Cette chaîne de valeur contribuera à la création de milliers d’emplois. Le Sénégal
peut devenir un pays exportateur de pomme de terre et d’ognons pourvu que les autorités
étatiques investissent dans les infrastructures de conservation et bloquer définitivement les
importations de ces produits.

– Enfin, en ce qui concerne l’artisanat, il s’agit de créer des zones spécialisées par métier comme
c’est le cas de la maroquinerie pour Ngaye. Rare sont des artisans qui disposent du foncier pour
exercer leur métier. Déguerpis de Pompier, les mécaniciens se retrouvent à l’ancienne piste et
de là-bas ils sont sans lieux de travail. Pour régler définitivement cette situation, l’Etat doit
créer une Zone Economique Spéciale en Mécanique Auto (ZES-MA) et mettre les
infrastructures adéquates. Ainsi, une chaîne de valeur sera créée implicitement allant du
remorquage à l’escorte et tous les magasins de vente de pièces détachées seront délocalisés
dans cette zone.

L’Afrique est riche, mais pauvre de ses dirigeants. Les préoccupations de tout homme politique aspirant
diriger le pays devraient être la satisfaction de l’intérêt général, le bien-être de la population et une
gestion transparente, efficace et efficiente des deniers publics. La jeunesse africaine et plus
particulièrement la jeunesse sénégalaise doit garder espoir en son avenir et tracer la voie à suivre par
les hommes politiques pour un développement économique et social.

Assane NDIR