Le Royaume-Uni repense sa stratégie africaine à l’approche du Brexit

Boris Johnson a appelé les dirigeants africains invités à Londres, lundi, à un forum sur l’investissement, à faire des affaires avec son pays.

Vingt-sept contrats d’une valeur de plus de 6,5 milliards d’euros ont été signés lors du premier forum sur l’investissement Royaume-Uni-Afrique, qui a eu lieu lundi 20 janvier, à Londres, au Royaume-Uni. Le premier ministre britannique, Boris Johnson y a réuni 16 dirigeants africains, parmi lesquels le président égyptien, Abdel-Fattah Al-Sissi ou le dirigeant nigérian Muhammadu Buhari, et plusieurs chefs d’entreprises œuvrant en Afrique.

Ce sommet pensé par l’ancienne première ministre Theresa May, durant son mandat, et mis en musique par son successeur, s’inscrit dans le programme politico-économique post-Brexit du pays. Alors que le Royaume-Uni s’apprête à quitter l’Union européenne, le 31 janvier, les Britanniques cherchent à renforcer leurs liens commerciaux et d’investissements avec un certain nombre de partenaires, notamment en Afrique. En 2018, Theresa May avait effectué plusieurs visites officielles sur le continent africain, en Afrique du Sud, au Kenya et au Nigeria, trois pays membres du Commonwealth.

« J’ai également réalisé que nous, au Royaume-Uni, avons un travail essentiel à faire pour continuer à convaincre les gens de tout le continent que nous ne sommes pas seulement un grand ami et un allié, un allié fiable, mais aussi ceux avec qui vous devriez faire des affaires », a insisté Boris Johnson, dans son discours d’ouverture au forum.

Favoriser les liens d’affaires avec le continent

L’Afrique, dont un grand nombre de pays connaissent des taux de croissance très rapides, est un marché potentiel que Londres ne peut plus se permettre d’ignorer. Actuellement, ses échanges sont plus que modestes avec un continent courtisé par les grandes puissances comme les pays émergents. Le Royaume-Uni s’est laissé largement distancer en Afrique par la Chine, au premier chef, mais également par l’Allemagne et la France.

La chancelière allemande, Angela Merkel a d’ailleurs déjà organisé plusieurs sommets Allemagne-Afrique pour, entre autres, favoriser les liens d’affaires avec le continent. De même la France se prépare à accueillir du 4 au 6 juin, à Bordeaux, la 28è édition du sommet Afrique-France sur le thème de la ville durable.

Se démarquer

Comment le pays de Boris Johnson peut-il se démarquer de ses concurrents européens, américains ou asiatiques ? « Le point fort du Royaume-Uni est son secteur financier », indique François Gaulme, chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l’Institut français pour les relations internationales (IFRI), qui souligne aussi que « les Britanniques ne souhaitent pas qu’investir dans les pays du Commonwealth en Afrique, ils visent aussi plusieurs pays francophones ».

Aux dirigeants africains venus à Londres lundi, le premier ministre britannique a assuré que le Royaume-Uni post-Brexit serait plus ouvert vis-à-vis des migrants originaires d’Afrique. « En faisant passer les gens avant leur passeport, nous serons en mesure d’attirer les meilleurs talents », a-t-il précisé.

Autre point important, alors que le pays va accueillir la COP26 à Glasgow en fin d’année, Boris Johnson a annoncé la fin du soutien de son gouvernement aux centrales d’extraction de charbon, y compris en Afrique.

Kadiatou Sakho