L’Italie, terre de refuge pour les Sénégalais, appelés « modou modou »

L’immigration clandestine en Italie n’est pas un phénomène nouveau. Dès le début des années 1980, on assiste aux premières vagues d’exode vers les terres italiennes. Principalement d’Afrique, les immigrés proviennent de plusieurs pays tels la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Maroc et la Guinée. Outre ces pays, une grande partie de la diaspora africaine est de nationalité sénégalaise, alors que l’on estime qu’en 2003, 75 000 immigrants du Sénégal étaient installés sur le territoire italien. L’Italie s’avère par le fait même le choix numéro un en Europe pour les migrants de la République du Sénégal . Cependant, cette situation pose problème aux deux pays, surtout sur le plan de l’intégration. 

En 2016, ce sont plus de 180 000 migrants qui ont foulé les plages italiennes . Un an plus tard, soit entre janvier et la mi-février 2017, ils sont au nombre de 9448, mais cette fois, ce sont des migrants clandestins. Environ 450 d’entre eux sont d’origine sénégalaise. De l’autre côté de la Méditerranée, le Sénégal compte en 2015 15 millions d’habitants sur son territoire. Toutefois, force est de constater que le Sénégal n’est pas une terre d’immigration, alors qu’entre 2005 et 2012 le solde migratoire du pays atteint en moyenne annuellement – 90 000 habitants.

Ces migrants ont quitté leur pays natal pour une multitude de raisons. Selon Joseph Winter de la BBC, ils ont traversé la Méditerranée pour vivre le rêve européen, pour quitter la tension politique de leur pays ou pour simplement trouver du travail. Un rapport migratoire de la République du Sénégal nous fait savoir que les Sénégalais quittant leurs terres sont majoritairement des hommes . Environ 31,7 % des migrants disent quitter car ils manquent d’emplois dans leurs pays, 29 % car ils ont des offres de travail ailleurs, alors qu’environ 13 % veulent poursuivre leurs études . Une certaine rancœur à l’égard du gouvernement est également à l’origine de ce flux migratoire, alors que les jeunes Sénégalais « ne voient pas de futur en leur mère patrie ».

Finalement, la professeure Ottavia Schmidt di Friedberg avance que l’Italie est devenue une destination de choix pour les Sénégalais lorsque les crises économiques ont frappé le pays et que la productivité des sols, liée aux sécheresses dans le milieu agricole, ont forcé les habitants à trouver un travail à l’étranger . L’Italie a également été prisée par les Africains lorsque l’on remarque qu’a contrario de l’Allemagne et la France, le visa pour l’Italie n’est pas obligatoire.

Conséquences et solutions potentielles 

Bien qu’a priori l’immigration rapporte plus de 8 milliards d’euros à l’Italie par an, peu de points positifs ressortent de la situation. L’immigration clandestine cause plusieurs problèmes aux deux pays qui n’ont aucune entente bilatérale concernant la portabilité des droits de retraite . Au final, la plus grande difficulté reste le défi de l’intégration des migrants (16).

À l’intérieur du territoire italien, certains Sénégalais ne se sentent pas chez eux. Ils vont même jusqu’à dire que les Italiens « ne les veulent pas ici». Cette ghettoïsation empêche les Sénégalais de vivre ce « rêve européen » qu’ils attendaient tant. Les études ont également révélé que plusieurs d’entre eux ne sont pas en bonne santé, en plus de n’avoir que très peu de fonds financiers. Enfin, les « sans-papiers » ne sont pas soumis aux mêmes conditions que les immigrés légaux, nous n’avons qu’à penser par exemple aux fonds de retraite qu’ils ne pourront recevoir.

Afin de légiférer relativement à la venue d’immigrants illégaux sur le territoire, l’Italie a annoncé en 2017 son plan d’action : « Fonds Afrique ». Ces fonds sont mis de l’avant pour « lutter contre le trafic d’êtres humains et l’immigration clandestine ». En somme, ces fonds serviront à « la formation des forces de sécurité, à des équipements ou à des instruments techniques visant à renforcer les « frontières extérieures » de l’Italie». Bien que cette solution ne s’attaque pas directement aux lacunes d’intégration de la population sénégalaise en Italie, elle démontre que le gouvernement italien veut résoudre le problème directement à la source.

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