Quand la presse occulte l’essentiel dans le rassemblement “Non à l’esclavage en Libye et ailleurs” du samedi 25/11/2017 à Bruxelles.

Le rassemblement à Bruxelles “Non à l’esclavage en Libye” ou l’occultation de  l’essentiel par les médias officiels! Je suis étonnée et choquée du sort que les médias officiels ont réservé au traitement de l’information sur le rassemblement organisé ce samedi 25 novembre 2017 à la Place Poelaert à Bruxelles.


L’objectif de ce rassemblement visait à s’indigner face à l’esclavage en Libye et ailleurs, mais également à dénoncer le silence coupable et assourdissant de l’Union Africaine et de certains régimes politiques tant africains qu’européens sur la question. Ce rassemblement a vu la participation d’un millier de personnes. De mémoire de Bruxellois, disaient les personnes présentes aucun rassemblement d’Africains à Bruxelles n’avait vu une aussi forte  articipation.

Mais, par le sort que lui a réservé la presse, cette initiative louable, parce qu’humaine, est passée à côté.
L’information sur le rassemblement est relatée par des termes tels: «Émeutes à Bruxelles », ou « Une centaine d’arrestations pour actes de de vandalisme » etc. Même si je ne suis pas une professionnelle de l’information, je sais que le métier de journaliste demande une certaine déontologie et un équilibrage dans le traitement des sujets, par des points de vues clairs et partagés. On va chercher l’information en confrontant les regards.

Sans parti pris. J’ai l’intime conviction que le monde nous appartient à tous et à toutes malgré nos différences et les déséquilibres. Parce que persuadée que nos vies sont liées, connectées quelque soient nos différences et les distances géographiques qui nous séparent les uns des autres.

Etre humain pour moi signifie s’indigner chaque fois que la dignité humaine est  bafouée. Et ce qui se passe en Libye et dont les horribles images, ont été révélées par une émission de CNN, dépasse l’entendement. Il heurte la
conscience humaine et interpelle chacun de nous sur notre rapport avec le monde.

C’est pour cette raison que nous étions des milliers de personnes, toute origines confondues, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes à exprimer ce samedi 25/11/2017, notre indignation face à ces pratiques. Chaque fois que la
dignité humaine est bafouée, des voix se sont levées, des mouvements se sont créés, des rassemblements sont organisés.  C’est de cette même manière, avec la même indignation et la même détermination qu’un millier de personnes, s’est retrouvé à la place Poelaert à Bruxelles, ce samedi 25 novembre 2017.

Ce, afin de protester ensemble, pour éviter que l’histoire ne bégaie ou se reproduise. Nous étions là pour attester de la fragilité des acquis dans ce monde en perpétuelle mutation. Pour juste montrer qu’il est important de se
battre pour conserver cet héritage commun que représente la préservation de la «DIGNITÉ HUMAINE » combat pour lequel des générations ont consacré leurs vies.
C’est surtout de cela dont il s’est agi ce 25/11/2017 à Bruxelles. De la manière la plus digne et la plus respectueuse.

Les débordements dans de tels rassemblements sont bien évidemment à déplorer. Mais les grossir et en faire le point essentiel n’est pas acceptable.

La police était là, bien présente, pour canaliser ces débordements. Toutes les personnes présentes ont constaté que les moyens déployés paraissaient démesurés…Les forces de l’ordre qui assuraient la sécurisation de la manifestation ont reçu des renforts du fédéral: hélicoptère volant au-dessus de nos têtes, voitures blindées, policiers avec une armada impressionnante, un canon à eau affrété … qu’ils ont même déversé en un moment sur nous.

Mais qu’importe, nous n’avions aucune crainte car nous avons la conviction que la police était là pour nous protéger. Mais surtout nous étions persuadés que nous étions là pour une bonne cause.

Mais quelle ne fut ma surprise de constater le soir le traitement des informations sur le rassemblement !

Au travers des informations relatées par les chaines des télévisions et dans les sites de certains journaux, les détails ont été grossis, dénaturés et l’essentiel occulté. J’étais choquée d’entendre à la Télévision ou de lire dans les journaux des commentaires du genre : « Tensions dans le quartier Louise à Bruxelles, situation sous-contrôle, une cinquantaine d’interpellations », «Incidents à Louise: un journaliste de la VRT chahuté durant son direct » ou encore « Deux semaines après les émeutes de nouveaux incidents ont éclaté dans, une trentaine de jeunes ont déboulonné sur des commerces à l’Avenue Louise » Et pas un mot sur l’objectif de ce rassemblement.

Un millier de personnes présentes, et vous vous focalisez sur une trentaine de jeunes! Aucun commentaire sur les vrais objectifs du rassemblement.

RIEN sur POURQUOI toutes ces personnes sont-elles là sous le froid! Rien n’a été dit sur ce qui s’est dit sur place, RIEN .Il n y a pas un seul commentaire d’un point de vue des organisateurs, ni même une petite interview accordée par ci, par là. Ce qui d’habitude se fait pendant des rassemblements de ce genre.

La Presse n’a accordé aucune importance au rassemblement qui pourtant, magnifie la dignité humaine et dis Non à l’inacceptable. Le communiqué des organisateurs est pourtant clair à ce sujet.

Le rassemblement ce samedi 25 novembre 2017 à 14h place Poelaert à Bruxelles, visait à défendre le respect de la dignité humaine en Libye et partout ailleurs dans le monde où ces pratiques existent encore.

C’était également une protestation pacifique et une interpellation envers l’Union africaine et les régimes politiques africains et européens qui contribuent à la crise migratoire » De tous ces objectifs pas un mot ! La presse serait-elle partisane de cet esclavage qui a pourtant ému le monde entier ? « Tolérance zéro » se sont écriés les politiciens. C’est à se demander si les faits relatent le même rassemblement auquel j’ai assisté.

Cette manifestation pourtant pacifique serait-elle devenue un élément de récupération pour les échéances électorales à venir, au point de masquer la réalité ? Pour quelles raisons brandir l’arme fatale de la peur dans un contexte de défense de la dignité humaine?

Où sont les hommes et des femmes de média d’origine africaine pour porter un autre regard sur la question? Des professionnels de l’information et de la communication, il en existe en Belgique et pas des moindres, au même titre
que les journalistes qui officient dans les médias d’Etat.

Il faut reconnaître que quelques-uns font ce travail d’informer vrai. Mon propos n’est pas d’être moralisateur. Mais en de pareilles circonstances, heureusement, les réseaux sociaux permettent d’établir un équilibre afin
d’apporter la contradiction si nécessaire et de donner divers points de vue, les plus justes possibles.

Et lorsqu’ils émanent de professionnels, l’argumentaire n’en ai que plus juste.

Facebook, Twitter, Instagram, WhatsApp ont démocratisé le débat et permettent une plus large diffusion de l’information sur des points de vue, moins biaisés, manipulés et mieux ciblés. Ce qui s’est passé ce samedi est inacceptable dans le traitement de l’information. L’occultation de l’essentiel, c’est très déshumanisant!

Bruxelles, 25 novembre 2017

Awa Sene Sarr Artiste – Bruxelles