Quelle réflexion sur le drame de Salou en Espagne ? Hommage á Mor

Hommage á Mor: Une solution politique et économique en lieu et place d’une solution policière ou d’un discours populiste J’ai eu la malchance de suivre á travers les médias, le drame de Salou ( en Espagne) avec la mort tragique et regrettable de notre compatriote MOR Je prie sur son âme et présente mes condoléances á sa famille et á toute la diaspora sénégalaise et africaine. Indigné, surpris et en même temps fier d’être sénégalais, je fais recours á ma plume pour provoquer une réflexion sur les tares qui pèsent sur des milliers de jeunes immigrés.

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Cette tragédie au-delà des analyses sur l’actuation questionnable, questionnée et controversée de la police espagnole et de la complexité du phénomène de « MANTEROS « en Europe, pose le débat sur un principe sacro saint , fondamental et universel: le droit á la dignité et par ricochet le droit á une vie meilleure. Le droit á une vie digne et á la survie sont des droits inaliénables .La question qui est posée aux défenseurs des droits de l’Homme,aux juristes,aux législateurs et aux policy makers de tout Etat de droit , l’Espagne interpelé au premier chef, reste á savoir si au nom de ces deux droits ,l’être humain peut- il s’arroger instinctivement, légitimement ou de manière réfléchie le droit d’enfreindre une loi qui limite ou nie systématiquement la jouissance ou l’exercice de ces deux droits précedemment cités? Le pouvoir de l’imagination humaine des MANTEROS apporte une esquisse de réponse: en imaginant une forme  » MANTEROS  » plus digne et moralement acceptable dans les limites autorisées par la loi pour tout être humain qui est entre le souci de respecter la loi et celui de sa survie .Il ya toujours des hommes et des femmes qui optent ou imaginent d’autres ressources de survie au lieu de voler,agresser,violenter ses voisins ou commettre des délits de sang.

En situation irrégulière,avec tout ce que celá comporte comme limites et impossibilités de vivre sans être en marge des lois et réglements,les immigrés qui s’adonnent á la  » MANTA « , nous administrent au quotidien une leçon pédagique et nous rappellent une histoire que l’Espagne et chaque pays de la Union européenne pris individuellement ou collectivement a vecu á un moment de son histoire. Les historiens ,les policy makers de l »Espagne et d’Europe doivent revisiter leur propre histoire humaine pour comprendre et inscrire le phénomène de l’immigration avec tout ce que celá engendre comme cortège, dans un contexte qui n’a pas varié : Context does matter,vous disent les anglosaxons,l’être humain est en permanence á la recherche d’un monde meilleur,d’un contexte favorable á l’éclosion de ses talents ou á la quête de la liberté. Il suffit d’interroger la mémoire collective et l’histoire récente de l’Espagne pour comprendre et rappeler á qui de droit et á qui de devoir que MOR est mort pour refuser de vivre dans un pays oú tout effort de construire une vie de choix ,de bâtir une histoire qui refleterait son rêve,son talent et son action rencontre une manque de volonté publique et politique pour prospérer.Il est mort en essayant de donner le meilleur de lui-même: « le travail anoblit l’homme » MOR est mort pour comme sont morts de milliers d’espagnoles qui á un moment de l’histoire de leur pays étaient entre le dilemma « RESTER ET PERDRE SA DIGNITÉ /OU s’exilier ou immigrer pour la conquérir sous d’autres cieux, MOR est mort pour s’être inspiré de cette génération d’espagnoles qui a sacrifié leur vie pour que la transition démocratique ait lieu en Espagne.

MOR est mort pour s’être inspiré de cette génération de jeunes spagnoles qui malgré leur appartenance á un pays dit pays « développés » ,fuit leur propre pays l’Espagne vers d’autres pays qui offrent plus D’OPPORTUNITÉS comme l’Allemagne,la France,l’Angleterre,le Canada,l’Australie ou les USA.( j’en rencontre tous les jours). MOR est mort parcequ’il voulait qu’un jour ,ses petits fils puissent vivre ce que les enfants espagnoles vivent aujourdhui aprés qu’une génération a compris qu’il fallait consentir des sacrifices pour que « RIEN NE SOIT PLUS COMME AVANT ». MOR est mort parcequ’il était convaincu ,sénégalais qu’il est,il est l’ambassadeur du Sénégal hors du Sénégal.Il est convaincu qu’il n’est ni terroriste qui met en danger la sécurité des espagnoles, qu’on ne lui reprochera jamais d’avoir violenté une femme espagnole( violencia de genero)qu’il ne tuera pas pour vivre,qu’il ne commettra jamais un crime pour vivre ,qu’il ne volera jamais la dignité d’un espagnol pour jouir de la sienne,qu’il ne restera jamais devant un supermarché de l’ouverture á la fermeture pour quémander des centimes qu’un espagnol lui lancera avec compassion ou parfois avec mépris. MOR est mort pour avoir porté les valeurs du culte du travail,de l’endurance et de l’effort.Il est mort pour avoir confié á la capacité de l’être humain d’imaginer sa survie.

C’est ce que j’appelle toujours le pouvoir de l’imagination .IL est mort en nous offrant á nous autres,un exemple á suivre pour hisser encore plus haut le drapeau de dignité et l’identité d’un Sénëgalais.On nous tue mais on ne nous déshonore pas » C’est aussi pour moi le lieu de citer en example la capacitë d’imagination de ces jeunes.Ils sont aussi imaginatifs et optimistes quand ils embarquent dans des pirogues pour traverser l’atlantique et la méditerranée vers l’ Europe avec la foie qu’ ils réaliseront leur rêve qui est le mien, le vôtre en un mot celui de tout être humain optimiste c est a dire le rêve d’un monde meilleur, car dans leurs pays respectifs on leur brise tout élan de rêver, d’être optimistes et entreprenants. Ils sont optimistes et imaginatifs qu’ailleurs d’autres perspectives d’avenir existent. Ils sont imaginatifs en contournant les tracasseries bureaucratiques, la maffia qui entourent les politiques de delivrance de visas dans les pays du tiers monde. Ces politiques de visas, les difficultes de son obtention et les mesures protectionistes que font face quotidiennement les jeunes africains candidats á l’immigration, les entreprises africaines en quête de partenaires et de debouchés, dans un monde qui se globalise, n’obeissent á aucune logique défendue par les stratèges des gouvernements occidentaux quand ils abordent la globalisation sous une perspective utra libérale de l’économie.

Lá ou les capitaux, les ressources, les hommes, le savoir, les logiques economiques circulent librement, on veut dresser des conditions, des restrictions et des barrieres artificielles applicables á une partie de la planete dite tiers monde. Au nom de la globalisation et des logiques economiques actuelles, si l’Europe moderne et développée cherche des marchés, délocalise ses entreprises et se lance á la recherche de débouchés extérieurs vers l’afrique et l’asie, c’est parcequ’elle veut enterrer définitivement la pauvreté, faire face á la crise économique qui la frappe, elle veut que la pauvreté devienne de l histoire pour son peuple. A défaut d’avoir des dirigeants qu’ils méritent ,les jeunes africains également , dans un contexte de mondialisation , veulent chercher aussi lontain que leur imagination, leur rêve et ses moyens leur permettent, de nouvelles réponses aux vielles questions auxquelles ils font face dont celle de la pauvrete et de l’emploi. Dans un contexte different ou dans le même contexte, des espagnoles ou européens, pour des motivations fragiles ou subterfuges superficiels. avaient choisi d’immigrer ou s’agissant du continent noir, avaient simplement décidé de son partage effective (cf conference de Berlin 1884-1885) en vue d’asseoir de nouvelles bases nécessaires á la compétitivité et au developpement de leurs industries et economies nationales respectives.

Si l’Espagne et l’Europe se sont arrogés le droit d’ écrire ce chapitre de l’histoire de l’humanité pour sa survie ou pour expandre sa domination alors comprendre qu’un sénégalais sans possibilité de choix entre un emploi en bonne et due forme,puisse imaginer une autre forme ,peut lëgitimement s’arroger le droit d’imaginer une forme de survie par le travail de « MANTEROS » On peut cependant discuter longuement, s’interroger, condamner, partager ou ne pas partager leurs imaginations de contourner les tracasseries bureaucratiques et les difficultés pour obtenir un visa en empruntant le chemin de la mer ou les activités qu’ils s’adonnent pour ceux qui arrivent, mais on arrivera tout de meme á la conclusion definitive que: c’est l’optimisme dans l imagination qui gouvernent leur destin. Peu d’entre eux réaliseront ce rêve et la plupart se rendra compte que l’enjeux reel est derrière eux c’est a dire au pays. Oui l’afrique peut faire face á son destin, l’afrique a les moyens de se développer et d’offrir á sa jeunesse un autre héritage .

Quand ses jeunes se bousculent pour aller travailler dans les plantations au sud de l’Espagne ou se ruent dans les rues et avenues de Madrid ou Barcelona , c’est parceque dans leurs pays, les gouvernements reduisent leur espoir ou dans beaucoup de cas les anéantissent. Ils n’auraient pas eu besoin qu’on les enterre dans des fosses communes,ou dans les plages espagnoles. Ils n’auraient jamais eu besoin de descendre dans des pirogues par dizaines, par centaines, pour être parqués dans des camps qui rappellent, à plusieurs égards, les camps de concentration. En 2003 J’etais aux Etats–Unis quand pour la premiere fois j’ai vu defiler les premieres images revelees a la face du monde de ces milliers de jeunes. Ce jour la j’ai pleure comme un enfant. Devant le feu de l’actualite, j’ai ete choque et eprouve de la compassion pour ces jeunes. Un peu plus d’une décennie plus tard au cours d’un sejour memorablement difficile et riche en enseignements en Espagne, j’ai pu les approcher, les ecouter pour mieux comprendre.

Cette contribution est un hommage á MOR et á ces jeunes mais aussi pour situer les responsabilites. Oui l’immigration aujourdhui il faut la situer dans son contexte, il faut etablir une grille de lectura claire entre l’immigration et ses acteurs mais aussi entre ce phénomene et sa propre histoire dans les pays emetteurs et les pays recepteurs tout au long d’une certaine histoire. Le jour ou les leaders africains offriront a leurs jeunesses des espaces d’expression de leur immense potentiel avec la creation d’infrastructures de bases de qualite, la creation d’un environnement propice á l’entrepreneuriat privé durable, la creation d’emplois, vous ne verez plus ces jeunes faire la queue sous le soleil ardent devant les ambassades des Etats-Unis, de la France, de l’Angleterre ou de l’Espagne dans l’espoir de la delivrance d’un visa. Plutot vous verez une jeunesse enthousiaste, genereuse dans l’effort et dans l’action, entrprenante combative et resoluement engagee dans la voie du developpement. Bien sur, ils voyageront, mais voyageront comme touristes, comme chefs d’entreprises, ou pour mobilite professionnelle ou echanges universitaires entre universites.

Le jour oú les pays européens oseront appuyer directement depuis leurs ambassades établies dans les pays africains les projets de jeunes á forte valeur ajoutée,le jour oú le FMI ,la Banque Mondiale et l’Union Européenne oseront repenser leur politique d’aide vis â vis des États africains,et ouvrir des lignes de financement aux meilleurs projets de jeunes dans les pays africains,,nous assisteront á une transformation sociale de qualitë significative accompagnée d’une rëduction conséquente des jeunes candidats â l’immigration . Le jour oú l’Union Européenne decidera( parcequ’il s’agit d’une volonté politique) de proposer á ces jeunes ambitieux ,des lignes de financements et un programme durable et conséquent pour un retour vers leurs propres pays, vous ne verez plus de MANTEROS ou de jeunes dëfiant les eaux de l’océan atlantique. « SANS CELÁ ,ILS VONT PARTIR ET CONTINUERONT DE PARTIR PARCEQUE SIMPLEMENT DANS LEURS PROPRES PAYS,ILS NE TROUVENT PAS D’OPPORTUNITËS D’EMPLOIS NI APPUI POUR L’ENTREPRENEURIAT PRIVÉ »