Trafic de documents de voyage pour le Portugal et l’Italie

Y. Diallo et A. Fall, deux (2) citoyens sénégalais qui tentaient d’émigrer en Europe ont été, ce 13 septembre, attraits à la barre du tribunal d’instance de Dakar. Ils sont tous 2 poursuivis pour les délits de faux et usage de faux sur des documents administratifs.

Les 2 ressortissants sénégalais ont été respectivement arrêtés en Éthiopie où ils avaient transité pour gagner les côtes européennes. Ils ont été refoulés avant d’atterrir devant le juge pour répondre de leurs charges.

Devant la cour, Y. Diallo est revenu sur son périple qui a duré quelques 3 mois hors de son pays d’origine.

« C’est à travers une annonce lue sur l’internet que j’ai pris contact avec le nommé Mamadou Diallo qui s’active sur la facilitation des services de voyage. C’est ainsi que je lui ai fait part de mon souhait de voyager vers le Portugal. Nous avons échangé et avons conclu un marché. Il me revenait alors de lui verser 3 900 000 FCFA », a expliqué le prévenu qui détenait par devers lui un passeport français avec toutes ses filiations. Interpellé sur la provenance du document, il relate les faits.

« Mon collaborateur Mamadou Diallo m’a demandé mon passeport et une photo que je lui ai remis. Dans nos relations tendant à organiser le voyage, il a fini par me convaincre de transiter vers le Niger où je devais recevoir mes documents de voyage. Une fois au Niger, Mamadou m’a mis en rapport avec un certain Ibrahim Marava, c’est ce dernier qui m’a d’ailleurs remis le passeport français », a-t-il soutenu devant la barre, non sans souligner les contraintes qu’il a eues devant les autorités nigériennes.

« J’ai fait 2 mois et 15 jours au Niger. Lorsque j’ai reçu le passeport français, j’ai payé un billet d’avion pour le Portugal mais à ma grande surprise j’ai été intercepté à l’aéroport du Niger avant d’être amené au Service de Surveillance du Territoire (DST) pour contrôle du document. C’est Ibrahim Marava qui est venu à ma rescousse avant que le document de voyage ne lui soit restitué. J’ai par la suite gagné l’Ethiopie où j’ai voulu encore prendre le vol pour l’Italie malheureusement, j’ai eu les même soucis », a confié Y. Diallo.

Pour sa part, A. Fall qui a été lui aussi arrêté dans des conditions similaires a relaté sa tentative de gagner l’Italie. Contrairement à Y. Diallo, le mis en cause avait lui une carte nationale d’identité italienne avec toutes ses filiations sénégalaises.

« C’est un nommé Mass Tounkara avec qui j’ai pris contact qui m’a donné les documents qui m’ont permis d’effectuer le voyage. Au départ nous nous sommes convenu pour un visa d’Europe moyennant la somme de 3 500 000 FCFA. Il m’a par la suite proposé de transiter par le Cap-Vert pour faciliter le voyage. Je lui ai versé 2 millions FCFA. Du Cap-Vert, je me suis rendu à Addis-Abeba où je devais passer pour gagner l’Italie, c’est de là-bas que les autorités m’ont arrêté alors qu’elles menaient des vérifications sur mon titre de séjour qui m’a été délivré par mon collaborateur avec tous les autres documents y afférents », a expliqué le prévenu, la cinquantaine, dans cette affaire de trafic de documents de voyage.

Dans son réquisitoire, le procureur a relevé la culpabilité des deux (2) prévenus.

« Vous n’êtes ni français, ni italien mais des citoyens sénégalais, vous saviez donc que les documents que vos collaborateurs vous ont donnés sont faux », leur a-t-il dit invitant la cour à l’application de la loi pénale.

La défense pour sa part s’est appuyée sur la volonté de ses clients qui n’ont qu’un objectif : gagner leur vie à la sueur de leur front.

« L’espoir fait vivre un individu ce n’est pas l’âge qui compte. A. Fall a 51 ans et 5 enfants et cela ne l’a pas empêché de vivre encore chez ses parents. Ceux qui leur ont délivré ces papiers les ont fait passer par des transits pour leur faciliter le voyage. On peut les reprocher l’usage du faux, mais faudra-t-il reconnaitre également qu’ils vivent d’espoir », a soutenu la robe noire qui demande à la cour d’être regardante sur leurs problèmes.

« M. le juge, tenez compte que ce sont des délinquants primaires et qu’ils n’ont jamais voulu faire de mal à quiconque. Je plaide en leur faveur une application bienveillante de la loi », a confié l’avocat.

Dans son verdict, le juge a relaxé les prévenus Y. Diallo et A. Fall des délits de faux, mais retient néanmoins, le délit d’usage de faux contre eux. Il les a déclaré coupables et les a tous 2 condamnés à 6 mois d’emprisonnement dont 2 mois ferme…