5 choses à savoir sur l’élection présidentielle au Gabon. Par Pape Atou Diaw

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Le 26 août se sont tenus les élections générales au Gabon, combinant l’élection présidentielle aux législatives et locales.

L’enjeu principal de la présidentielle est de savoir si l’opposition parviendra à mettre fin au règne de plus d’un demi-siècle des Bongo père et fils et du Parti Démocratique Gabonais (PDG).

Voici cinq choses à savoir sur ce scrutin.

1. Pourquoi s’intéresser à ce qui se passe au Gabon

L’actuel président, Ali Bongo Ondimba, au pouvoir depuis 14 ans, brigue un troisième mandat à la tête du Gabon, un pays qu’il dirige depuis 2009. Son père Ali Bongo a, quant à lui, dirigé ce pays d’Afrique centrale pendant 41 ans.

L’accession de Ali Bongo au pouvoir a suscité la controverse et a refroidi au passage les relations entre Paris et Libreville. Pourtant, la France a toujours été un allié privilégié de son père Omar Bongo.

Il a réussi à se faire réélire de justesse face au candidat consensuel de l’opposition de l’époque : Jean Ping. Ce dernier revendique également la victoire dans les urnes tout en dénonçant une fraude du camp Bongo.

Pour l’élection présidentielle de 2023, la soif de changement a fait taire les dissensions au sein d’Alternance 2023, la principale coalition de l’opposition. En effet, Pr Albert Ondo Ossa, ancien ministre de Bongo père, a été désigné comme « candidat consensuel » pour faire face au fils dans ce scrutin à un tour.

En 2016, l’opposition avait également désigné Jean Ping comme candidat unique. Il n’a été officiellement devancé que d’un peu plus de 5 000 voix par Ali Bongo. Des résultats que M. Ping a contestés sans succès.

Ali Bongo

2. Déroulement du scrutin et mode de scrutin

Les Gabonais sont appelés ce 26 août à élire leur président de la République, leurs députés et leurs élus locaux.

Le président gabonais est choisi à l’issue d’un scrutin à un seul tour, qui désignera le vainqueur à la majorité relative.

Cependant, quelques changements ont été opérés par l’exécutif à quelques mois de la date du scrutin.

Désormais, les électeurs votent avec un bulletin unique. Ceci signifie que la personne qui voudra voter dans sa circonscription pour un député devra également voter, avec le même bulletin, pour le candidat de son parti à la présidentielle, ou inversement.

Ce changement a suscité des protestations de l’opposition.

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3. Les principaux candidats

Treize candidats se réclamant de l’opposition se présenteront face au président sortant.

Ali Bongo Ondimba, également candidat à sa propre succession, a vu sa santé s’altérer lors de son second mandat. Il a subi un accident vasculaire cérébral en 2018.

Cependant lors d’un rassemblement politique, en 2023, Ali Bongo déclare être en bonne santé.

Alternance 2023, la principale coalition de l’opposition qui comptait 6 candidats, porte son choix sur le Pr Albert Ondo Ossa, 64 ans. La plateforme se définit comme « un cadre privilégié de concertations et d’actions communes en vue de constituer une alternative crédible au pouvoir en place en 2023. »

Selon l’analyste économique gabonais Mays Mouissi, « la force de M. Bongo, est qu’il est au pouvoir depuis 14 ans. Il est assis sur un régime qui lui-même est installé au pouvoir depuis plus de cinq décennies. En revanche, sa faiblesse, c’est son bilan. »

Analysant les chances du Pr Onda Ossa, il affirme que « sa force est qu’il est soutenu par une somme de candidats qui étaient eux-mêmes candidats à l’élection présidentielle et qui sont assez représentatifs dans l’opinion. Tandis que la principale faiblesse est que le temps de la campagne est suffisamment court à partir du moment où la candidature unique a été décidée et donc, il dispose de très peu de temps pour refaire le tour du pays.»

Ondo Ossa
Légende image,L’ancien ministre de l’éducation Albert Ondo Ossa s’est assuré le soutien du groupe d’opposition Alternance 2023 le 18 août 2023, dans l’espoir de détrôner M. Bongo, dont la famille dirige cet État d’Afrique de l’Ouest riche en pétrole depuis 55 ans.

4. Les grands sujets de la campagne électorale

Dans le programme de campagne de l’actuel président, Ali Bongo Ondimba, intitulé « Mon pacte pour le Gabon, » il invite les concitoyens à lui accorder un nouveau mandat afin de « bâtir un nouveau pacte social républicain, qui ressoudera les liens entre chaque enfant et chaque terre du Gabon. » Il promet entre autres de lutter contre la vie chère et d’augmenter le pouvoir d’achat des Gabonais.

Selon Mays Mouissi, « le thème de campagne d’Ali Bongo, c’est la continuité. Il appelle à voter pour la continuité, pour continuer ce qu’il a déjà commencé. » Néanmoins, selon le chercheur, ce thème de la continuité se heurte à ses 14 ans de magistère. « Il prônait déjà la continuité sept ans auparavant », déclare M. Mouissi.

Et c’est justement sur ce thème de la longévité au pouvoir du parti d’Ali Bongo que le « candidat-consensuel » bat campagne. La plateforme qui porte sa candidature appelle à un changement à la tête du pays d’où le nom de la coalition : Alternance 2023.

« Le principal thème de campagne d’Albert Ondoa, c’est celui de l’alternance et celui de redonner aux Gabonais de la dignité. En-tout-cas, c’est ce qu’il dit dans ses meetings, et ce sont deux lignes de démarcation », informe Mays Mouissi.

5. Les raisons de l’absence des observateurs internationaux

Les élections générales du Gabon de cette année se dérouleront sans la présence des observateurs de l’Union Européenne.

Les représentants de l’UE affirment n’avoir pas été saisi par les autorités gabonaises pour surveiller cette triple élection.

Une décision qui alarme les membres de l’opposition qui voient d’un mauvais œil l’absence de ces observateurs.

La mission de l’UE a vivement critiqué les résultats de l’élection présidentielle de 2016 en dénonçant une absence de transparence.

Avec Papa Atou Diaw, BBC Afrique