Le maire de Dakar n’avait pas hésité à agir comme un vandale, afin que l’aménagement de la Place de l’indépendance lui soit exclusivement laissé : Khalifa Sall avait osé faire détruire, après 0 heure, les travaux de clôture qu’y avait faits le ministère du Renouveau urbain. Le lendemain il avait essuyé sur place, en compagnie de maires de communes d’arrondissements qui lui sont favorables, des jets de lacrymogènes. Il avait par la suite crié urbi et orbi qu’il ne laissera personne faire son devoir et qu’il n’était pas un « poltron ». C’était en présence de nombreux partisans.
Le rapport de forces a payé. Tout est bien qui finit bien, puisque le Premier ministre, qui a tenu à abriter le conflit de compétence, a arrêté que le ministre Diène Farba Sarr se contentera de la Place de la Nation et que Khalifa Sall aura en charge les travaux qu’il ambitionne. Il a onze mois pour aménager la Place de l’indépendance, qui semble lui tenir tant à cœur. C’est donc l’heure de vérité pour M. Sall, s’il veut devenir « khalife » du Sénégal.
Mais, d’abord, le temps lui est compté ; puisque, soutient-on, le budget de 5 milliards de francs Cfa, qu’il avance, n’est pas encore inscrit. Ensuite, les études d’impact ne seraient pas encore finalisées. Et de ce point de vue, il pourrait se faire du mouron ; parce qu’il se susurre qu’une nappe est à 8m au-dessous de la Place de l’indépendance.
Le cas échéant ses techniciens auront du fil à retorde, tout comme le budget prévu pourrait être revu à la hausse. Sera-t-il aisé de trouver le reliquat et, surtout, Khalifa Sall réussira-t-il le pari de livrer la Place de l’indépendance d’ici le début de l’année prochaine ? S’il y parvient à la grande satisfaction de ses administrés, les portes du palais de la République lui seront ouvertes. Sera-ce en 2017 ou à l’élection présidentielle d’après ?
Pour l’heure, monsieur le maire risque de ne pas avoir de temps pour les ambitions présidentielles qu’on lui prête ; surtout que de sources officieuses près de la Présidence, on lui aurait fourgué sous la dent une balle enrobée de sucre. Pour sûr, dans le Gouvernement ce ne sont pas tous les ministres qui lui souhaitent la réussite. Suivez mon regard.
Alioune Badara DIALLO