Chronique du journaliste Bader : Les visées d’un sourire … présidentiel

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C’est connu et on en parle, en privé et en public : Si son prédécesseur Me Abdoulaye Wade savait déclencher de fous rires par des anecdotes ou répliques, Macky Sall lui n’a pas le sourire facile. Est-ce parce que durant sa prime enfance il manquait de cadeaux et distractions ? La question peut intéresser des psychologues.

En tout cas, il vient de faire des clins d’œil à son ancienne formation politique, le Parti démocratique sénégalaise (Pds), devenue son adversaire le plus farouche : après les jeunes libéraux qui ont bénéficié de liberté provisoire, leur coordinateur, le député Oumar Sarr, vient de jouir de la même  faveur. Eux avaient passé près de dix mois en prison, lui n’y a séjourné qu’un mois et quelques jours. Le président Macky Sall a-t-il fait ces concessions par contrainte ? En tout cas c’est, indéniablement, du réalisme politique. Car, sans la décrispation entre lui et l’opposition, dont le Pds en particulier, le dialogue politique ne pouvait être que lettre morte. Or, l’ancien président Abdou Diouf, qu’il a récemment reçu et honoré à Dakar, le lui avait bien conseillé de prendre langue avec ses adversaires. Diouf s’y connaît pour avoir été amené d’appeler en son temps Me Wade et ses proches dans son Gouvernement, en dépit  de l’accusation qui pesait sur celui-ci au sujet de l’assassinat d’un juge de la Cour constitutionnelle, Me Babacar Sèye, en 1993.

Le président Macky compte soumettre un projet de réforme constitutionnelle à l’appréciation des électeurs sénégalais. La durée de son mandat, le calendrier électoral et la mise en place du Haut conseil des collectivités territoriales, dont il entend faire la troisième institution du pays, sont autant d’intentions qui exigent quelques sourires et tapes amicales. Il s’y ajoute la menace terroriste, contre laquelle les retrouvailles entre acteurs politiques, sociaux et syndicaux sont un impératif. Last but not least, depuis son accession à la magistrature suprême, le président Macky n’a eu que des relations heurtées avec l’opposition.

Ce qui fait que les forces de l’ordre sont les plus sollicitées depuis le lancement de la fameuse traque contre les biens mal acquis. Le dégel, près de trois après, valait donc quelques sourires, surtout que le Plan Sénégalais émergent, qui lui tient à cœur, est également au prix d’une unité nationale, sur l’essentiel. Ce qui passe impérativement par le dialogue et les concessions. Ainsi donc après la pluie, vivement le beau temps.
Alioune Badara DIALLO