Chronique du journaliste Bader : Référendum du 20 mars : un test grandeur nature, qui démarre mal pour Macky

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Le président Macky avait fixé le 16 février dernier la date du référendum sur son projet de réformes constitutionnelles à la date du 20 Mars prochain. Ce délai, jugé très court par d’aucuns, s’explique certainement par son ardent désir de voir le reniement qu’on lui prête au sujet de la réduction de son mandat de sept à cinq ans tomber vite dans l’oubli, comme bien d’autres sujets qui ont secoué son mandat. Les Sénégalais oublient souvent très vite.

Quoi qu’il en soit, ledit référendum s’annonce assez peu prometteur pour le président Sall. Car, s’il s’attend à un écrasant Oui à l’issue de cette consultation du peuple, bien des nuages s’amoncellent à l’horizon de la deuxième quinzaine du mois. Ils pourraient délaver ou même inonder son projet constitutionnel  : l’opposition entend s’abstenir ou/et battre campagne pour un Non. Cette dernière posture fait des adeptes dans la société civile, décidée de ne pas être en reste durant la campagne.

Dans cette perspective le mouvement « Y’en a marre » pourrait faire mal. Pis, pour le président Sall, son « wax wakhet », comme on dit et chante, a créé des fissures et frustrations même dans la très large coalition qui lui était favorable de mars 2012 au début de ce mois et le cercle de ses nouveaux souteneurs. Car, sa déclaration a engendré le courroux de ses alliés, comme le député Imam Mbaye Niang, qui n’a pas hésité à démissionner du  bureau de l’Assemblée nationale, du député Serigne Mansour Sy, qui fera voter Non, de Cheikh Tidiane Gadio, qui plaide pour l’annulation de cette consultation, que le M23 pense très prématurée. L’un de ses «ambassadeurs itinérants », le marabout-politicien Serigne Modou Kara a même donné à ses disciples et militants l’ordre de voter Non ! Très inquiétant. Ainsi, Macky Sall aura en face de lui l’opposition traditionnelle qui s’enrichira d’organisations de la société civile et de frondeurs » du camp présidentiel. Ce qui augure d’une altération du taux de participation, comme de la victoire du Oui. Et si celui-ci triomphe de justesse, le président Macky ne pourra qu’avoir du mal à gouverner après le 20 mars et devra en conséquence se préparer pour février 2017, puisque des organisations politiques et civiles ont décidé de considérer son pouvoir illégitime à partir de cette date.

Ainsi, le prochain référendum sera un test grandeur nature pour le successeur de Me Abdoulaye Wade. C’est pourquoi Macky mettra en veilleuse d’ici là ses charges de chef de l’Etat, pour revêtir sa tenue de président de parti et de coalition. L’enjeu semble en valoir la chandelle, puisque le triomphe du Non ne pourra que l’affaiblir durablement.
Alioune Badara DIALLO