Depuis quelques jours, le débat sur la double nationalité occupe l’espace public. Hommes politiques, journalistes, spécialistes et citoyens lambda discutent sur la question avec des positions différentes. Ce polémique initié par la majorité dans le cadre de la revue du Code électoral, est loin s’en faut un débat qui ne fait qu’exacerber les tensions entre sénégalais et éloignent les citoyens des priorités.
L’histoire a toujours prouvé que ces reformes institutionnelles ont montré leurs limites. La question des identités est l’un des sujets les plus délicats pour une Nation, c’est pourquoi, elle doit être abordé avec tact loin de tout calcul politique. Le concept de l’Ivoirité en Côte d’Ivoire à la fin des années 90 qui avait pour objectif d’écarter les opposants politiques et immigrés a conduit fatalement à la première guerre civile dans ce pays avec toutes ses conséquences désastreuses. Près de vingt mille (20 000) Burkinabé ont été chassés de leurs plantations, un renvoi massif des non ivoiriens, des enquêtes généalogiques des journalistes pour dénicher des célébrités afin de les disqualifier de toute action politique. Tout cela pour écarter des adversaires politiques comme Alassane Ouattara.
Cette politique injuste et discriminatoire laisse toujours des cicatrices dans la société ivoirienne qui peine à se réconcilier entre communauté malgré le Dialogue national initié en 2012. Ce même syndrome n’a pas épargné l’Afrique du Sud non plus.
En France, le terme d’identité française soulevé par le gouvernement de Sarkozy a accentué la méfiance, la haine et l’ostracisme dans une société dont la devise regroupe tous les symboles d’union de l’Humanité “Liberté, Egalité et Fraternité “. Aujourd’hui la terminologie utilisée par Manuel Valls après chaque attaque terroriste montre qu’il y a une division profonde en France “Nous sommes en guerre, nos propres ennemis, français de souche, français d’origine “. Un phénomène surenchéri par certains hommes politiques et intellectuels profanes qui ont tellement tiré sur les différences à tel point que l’hexagone est divisé en mille morceaux (Houellebecq, Zemmour, Caroline Fourest, Estrosi, Marine Le Pen)”.
Le nationalisme étroit doublé de calculs politico-politiciens tacite doit être évité par tout Etat qui veut préserver sa stabilité. Ces reformes n’ont jamais triomphé dans l’histoire. On se rappelle de Viviane Malone Jones, James Hood, Martin Luther King, Steve Biko ou Nelson Mandela dont la lutte était seulement de combattre la discrimination par toutes ces formes. Ils ont tous fini par avoir gain de cause…
” Nous ne devons pas avoir peur de nos nombreuses contradictions, au contraire, nous devons entendre leurs arguments et l’utiliser à bon-escient ” dit Alain Finkielkraut dans son livre Causeur”. Une même idée défendue par Edvy Plenel qui dit quand on insulte le juif, arabe ou Français, dressez l’oreille, c’est à vous qu’on parle.
avec senego