L’Italie vient d’annoncer la création d’un »Fonds Afrique » de 200 millions d’euros destiné à aider plusieurs pays d’Afrique à réduire les flux de migrants clandestins qui tentent d’atteindre leur pays. Ce fonds, distinct de l’enveloppe habituellement consacrée à la coopération de développement, est dédié à la lutte contre le trafic d’êtres humains et l’immigration clandestine, selon les autorités italiennes. Au même moment, l’Italie ambitionne également d’augmenter le nombre de rapatriements de personnes déboutées du droit d’asile et de clandestins.
La création de ce fonds intervient à la suite du sommet des dirigeants européens en novembre 2015 qui avait décidé d’accorder une aide financière de 1,8 milliard d’euros au continent africain en contrepartie d’efforts destinés à freiner les arrivées de migrants irréguliers en Europe. Un an plus tard en septembre 2016, l’Union européenne annonçait un plan ambitieux d’investissement pour l’Afrique et son voisinage avec un potentiel de lever 44 milliards d’euros pour relancer la croissance avec comme contrepartie un engagement des pays africains à freiner l’immigration.
Pour rappel, l’année 2016 fut l’une des plus meurtrières en Méditerranée avec plus de 5000 morts de migrants selon les Nations Unies.
Au moment où l’Amérique méconnaissable de Donald TRUMP a osé interdire l’accès à son territoire à des ressortissants de certains pays musulmans et s’apprête à lancer les travaux du mur à la frontière mexicaine, l’Europe continue, au delà de ses nombreux dispositifs de sécurisation de ses frontières extérieures, à mettre la main à la poche pour empêcher les départs de ces milliers de jeunes africains à la quête de vie meilleure et risquant ainsi leurs vies aux larges de la Méditerranée.
À quand l’Afrique parlera-t-elle avec force d’une seule voix pour gérer la crise migratoire qui déstructure nos sociétés?
Nous devons réagir et agir autrement. L’Afrique doit parler et nous ne devons plus nous suffire d’attendre de recevoir de l’aide financière pour endiguer ce phénomène dévastateur de nos jeunesses.
Au delà des questions humanitaires qui s’imposent et qui sont véhiculées par les opinions publiques dans les pays du Nord et qui appellent à gérer cette crise migratoire, l’Afrique se doit d’être au devant des initiatives pour résoudre cette question fondamentale. Les pays africains doivent parler d’une seule voix pour gérer cette situation de l’immigration clandestine car il appartient avec évidence à nos États se fixer nos jeunes au lieu que cela résulte de politiques européennes de prévention et de sécurisation de leurs frontières.
Il appartient à nos Etats de travailler sur des programmes ambitieux pour redonner espoir à ces milliers de jeunes africains à la recherche de leurres et lueurs de l’immigration qui anéantit les forces vives de nos faibles nations. Il appartient à nos Etats de ne plus se suffire de recevoir ces aides financières liées à des conditionnalités très souvent imposées par l’Europe. Cette Europe, affaiblie, fait face de plus en plus à la poussée de mouvements populistes qui frappent aux portes du pouvoir et qui déstructurent les fondamentaux de la démocratie et les idéaux du respect de la dignité humaine et du droit d’asile.
Si l’Europe, avec ses aides financières, veut compter sur l’Afrique et la Turquie pour endiguer les flux de migrants, nos populations doivent aussi pouvoir compter sur nos dirigeants pour défendre avec force nos intérêts dans ce rapport de force inéquitable. D’où l’impérieuse nécessité de parler d’une seule et même voix pour faire face à ces grands ensembles que sont les USA et l’Europe.
Babacar BA
Président Alternatives Citoyennes