La chronique du journaliste Bader : Mankeur a parlé, la diaspora attend les faits

dialloLe ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, Mankeur Ndiaye, a parlé.  Il a décliné la feuille de route de la diplomatie sénégalaise. C’était face à ses principaux collaborateurs auxquels il présentait ses vœux de Nouvel an.

Son discours semble avoir pris en considération ce que le président de la République n’avait pas dit au sujet de la Diaspora sénégalaise lors de son message de Nouvel an à la Nation. Face à ses employés, Mankeur Ndiaye a promis : « Une diplomatie de bon voisinage, une diplomatie de paix et de sécurité, une meilleure présence au sein des instances de gouvernance mondiale, une diplomatie économique pour un véritable développement, une diplomatie des droits de l’Homme, une diplomatie au service de la diaspora sénégalaise et une rationalisation de la carte diplomatique ». Des propos aux allures assez poétiques, avec une dose pédagogique et une forte intention de marquer son territoire. Mankeur Ndiaye a été instituteur, avant de devenir diplomate.

Son libellé est mobilisateur, pour parler comme les politiciens. Mais, comme leurs compatriotes restés au pays, les Sénégalais de la Diaspora ont détrôné leurs oreilles. Ils ont élu leurs yeux. Ainsi pour leur démontrer sa sincérité et son engagement, Son Excellence Mankeur Ndiaye est attendu, d’abord, pour que nos compatriotes qui vivent dans les pays limitrophes du Sénégal ne soient plus déshumanisés. En Gambie, Yaya Jammeh avait fait exécuter des Sénégalais, d’autres y sont emprisonnés ; tout comme en Mauritanie. L’Etat sénégalais doit leur assurer des détentions et traitements humains et des procès équitables, pour ceux qui ne sont pas encore jugés. « La diplomatie de bon voisinage » commence par là. Au Mali, devenu le terreau de terroristes, il s’agira de bien veiller à la protection de nos compatriotes qui y travaillent.

Son Excellence Mankeur Ndiaye a promis « une diplomatie économique pour un véritable développement » : Une option qui ne saurait s’arrêter à la recherche de partenaires et investisseurs. Elle devra se traduire par des pourparlers sanctionnés d’accords afin que des Sénégalais de l’Extérieur puissent être outillés  et encadrés afin de retourner au pays pour y développer des unités de production. Ce ne sont pas les domaines d’activités qui manquent : agriculture, pêche, élevage, tourisme, Tic, mines, etc. Les émigrés ont acquis expérience, tissé des relations dans leurs pays d’accueil et peuvent fournir des apports. Il faut juste les appuyer par des prêts et l’octroi de domaines. C’est l’une des exigences « pour un véritable développement ».

Se mettre « au service de la Diaspora sénégalaise », c’est également sécuriser nos compatriotes menacés en Libye, en Arabie Saoudite et en Occident, en particulier. Il y en a qui sont en péril et bien d’autres en situation irrégulière. Le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a parlé. La Diaspora l’attend avec des faits. Ce qui suppose d’abord un état des lieux des multiples difficultés auxquelles nos émigrés sont confrontés. C’est donc dire Excellence que vous avez du pain sur la planche.

Alioune Badara DIALLO