Barack Obama et quatre dirigeants européens, dont François Hollande, se sont mis d’accord pour engager l’Otan auprès de l’Union européenne « pour maîtriser les flux de migrants » en provenance de Libye.
Le rendez-vous avait des allures de G5. Barack Obama, en déplacement en Europe cette semaine, a rencontré à Hanovre les quatre principaux leaders européens : l’Allemande Angela Merkel, le Français François Hollande, le Britannique David Cameron et l’Italien Matteo Renzi. Ensemble, ils se sont mis d’accord pour engager l’Otan auprès de l’Union européenne afin de travailler en commun « pour maîtriser les flux de migrants » en provenance de Libye, a indiqué un communiqué de la Maison Blanche.
« Les dirigeants ont […] appelé l’Otan et l’UE à tirer parti de leur expérience en mer Égée pour voir comment maîtriser de façon ordonnée et humaine les flux de migrants en Méditerranée centrale », a encore indiqué la présidence américaine. Auparavant, Matteo Renzi avait déclaré que le président Obama avait donné son « accord » au projet italien controversé prévoyant des patrouilles de l’Otan au large de la Libye pour bloquer l’activité des passeurs et tenter de réduire le flux de migrants vers l’Europe. Berlin soutient le principe d’une mission navale de l’Otan pour combattre le trafic d’armes, mais aussi de personnes, mais préférerait qu’elle soit sous commandement européen plutôt que de l’Otan.
Un accord UE-Libye similaire à celui signé à la Turquie?
« Nous avons une mission navale européenne, l’EUNAVFOR, aussi appelée Sophia, qui est tout à fait efficace », contre les passeurs au large des côtes libyennes, a souligné la chancelière allemande à Hanovre, où les discussions entre les cinq dirigeants occidentaux ont abordé la crise migratoire, l’instabilité et l’infiltration islamiste en Libye, d’où quelque 350.000 personnes sont parties en mer pour rejoindre l’Italie depuis début 2014.
La ministre italienne de la Défense, Roberta Pinotti, avait révélé plus tôt que des préparatifs étaient en cours pour lancer, d’ici trois mois, de premières patrouilles maritimes de l’Otan au large de la Libye. Selon elle, l’Alliance atlantique doit approuver ce plan lors de son sommet de Varsovie le 7 juillet. Cette mission s’inscrirait dans un plan italien plus large visant à fermer la route maritime occidentale vers l’Europe et à renvoyer les migrants économiques dans leur pays d’origine. En retour, ils bénéficieraient d’une aide financière pour créer, chez eux, des centre d’accueil et de réinsertion.
Une stratégie vivement critiquée par des organisations de défense des droits de l’homme, estimant que la moitié des migrants arrivant en Italie – qui fuient un conflit ou des persécutions – sont éligibles au droit d’asile en Europe. Vendredi à Rome, le vice-président libyen a proposé que l’UE négocie avec la Libye un accord sur le modèle de celui conclu avec la Turquie. Cet accord prévoit que tous les nouveaux migrants irréguliers se rendant depuis la Turquie vers les îles grecques soient renvoyés vers la Turquie, y compris les demandeurs d’asile. Il prévoit à terme l’exemption, sous conditions, des visas pour les Turcs.