Au sud de Tel Aviv en Israel dans un quartier rebaptisé la « Little Africa » vivent essentiellement des migrants africains.
On retrouve les rythmes et les gôuts du continent. 45 000 immigrés clandestins sont présents sur le sol israëlien. De la musique ougandaise sort de ce salon de coiffure. Nous sommes dans le quartier de Neve Shanaan, au sud de Tel aviv. Gazai tient ce salon depuis deux ans.
« On accueille tout le monde ici… des Israéliens, des Éthiopiens, Soudanais, Erythréens…. Et j’ai pas mal de clients », explique le barbier.
Une croix autour du cou, Gazai est originaire d’Erythrée.
Il est arrivé clandestinement en Israël en 2010.
« En Érythrée, j’avais le même magasin. Et ici, c’est pareil, je travaille comme barbier. Dans cette rue, il y a beaucoup de salons de coiffure, comme celui-là, il y a aussi des petits supermarchés comme vous pouvez le voir, et il y a beaucoup de restaurants qui servent de la nourriture africaine. Je me sens comme en Afrique, car tout le monde me ressemble », ajoute-t-il.
A deux pas de l’ancienne gare routière, la rue piétonne du nom du quartier, Neve Shanaan, regorge de commerces en tout genre : des salons de coiffure, des boutiques de téléphones, des marchands ambulants ou encore des agences de change.
Ali, garçon frêle d’une vingtaine d’années, discute avec ses amis devant un magasin de vêtements.
« J’ai dit que j’étais arrivé en 2008 du Soudan, j’ai fini l’université en 2014, maintenant j’étudie à l’université qui s’appelle Kafar Leor », explique le jeune homme.
Ali parle parfaitement hébreu. Le jeune Soudanais est arrivé clandestinement en Israël en 2008.
Il n’avait alors que 14 ans. Ce qui lui a permis d’être scolarisé dans une école israélienne.
En survêtement de sport, Ali est assis dans la boutique d’un de ses amis. Un programme en arabe sort du poste de radio.
« On a ici toutes sortes de choses dont ont besoin les Soudanais ou les Erythréens. Regarde, on a des sacs, des chaussures, des crèmes ou encore des shampoings qui viennent d’Afrique. On a ici 5 ou 6 restaurants, on mange soudanais, on cuisine soudanais. On va aussi à la station de bus manger de la cuisine israélienne », soutient-il.
Des milliers de réfugiés africains se sont installés dans ce quartier. Ils viennent d’Erythrée, d’Ouganda ou encore du Soudan. On croise aussi des Israéliens, mais ils ne s’arrêtent pas. Rares sont ceux qui traversent la rue piétonne.
« Les gens en Israël appellent cet endroit Little Africa. Pourquoi ? Car ce sont principalement des Africains qui vivent ici, dans le sud de Tel Aviv. Dans ce quartier, nous louons des appartements, nous avons des restaurants, plein de choses qui rappellent l’Afrique. C’est pourquoi les Israéliens appellent cet endroit Little Africa », informe-t-il.
« On se sent ici comme une famille, avec tous les Africains. Regardez autour de vous, tout ressemble à l’Afrique. Même les gens qui viennent d’autres villes comme Ashdod, ils viennent le vendredi soir dans les restaurants pour manger de la cuisine soudanaise ou érythréenne », ajoute-t-il.
Ici, le niveau de vie est bien en dessous du reste de la ville. Loin du bord de mer, loin des cafés branchés, les immeubles sont délabrés. La plupart des migrants sont des demandeurs d’asile qui ne peuvent pas être expulsés. Mais vivent dans la précarité. C’est le cas d’Ali qui attend le renouvellement de son titre de séjour.
« La plupart des Soudanais ou Erythréens vivent dans le sud de Tel Aviv. Ici, les gens sont assez pauvres. Les gens travaillent, ouvrent des petits business. Les loyers sont chers si vous voulez louer un appartement, deux pièces, c’est très chers, je ne peux pas me l’offrir ! C’est pourquoi nous vivons dans le sud de Tel Aviv. J’ai beaucoup d’amis soudanais à qui je rends visite mais j’ai aussi beaucoup d’amis israéliens », poursuit Ali.
A plusieurs centaines de mètres de la rue Neve Shanaan, le parc Levinsky. C’est le point de ralliement de ces hommes à la peau noire. Selon les chiffres officiels, ils sont près de 45 000 immigrés clandestins en Israël. Plus de la moitié vivent actuellement à Tel Aviv. Ali, lui, espère un jour retourner dans son pays. Toute sa famille vit encore au Soudan. Mais en attendant, dans ce quartier rebaptisé »Petite Afrique », il se sent un peu comme à la maison.
Un reportage de Kristell Bernaud
Correspondant de la BBC en Israël